La santé au travail a-t-elle été impactée par la période COVID ?

Depuis le 16 mars 2020, la façon de travailler en France a été modifié suite aux confinements successifs imposés par la crise de la Covid. Les premiers impactés sont les salariés qui ont dû s’adapter à un télétravail « contraint et dans des conditions souvent dégradées ». En effet, de nombreuses structures n’avaient pas encore mis en place d’accords de télétravail, certaines d’entre elles n’avaient au début pu fournir les matériels nécessaires. Certains collaborateurs se sont retrouvés à travailler dans leur salon avec enfants et conjoint(e). De nombreuses femmes, et hommes, ont dû continuer à travailler et à suivre en parallèle les cours et devoirs des enfants. Une forte hétérogénéité des situations ont été constatées au sein même de l’entreprise, au sein de la cellule familiale, au sein de la communauté plus ou moins élargie. En effet certains collaborateurs ont complètement cessé leur activité, d’autres ont télétravaillé, d’autres ont continué de travailler « comme si de rien n’était » ou même selon leur branche de manière même très intensive, certains ont souffert d’être maintenu en poste sur site quand d’autres bénéficiaient d’un arrêt à domicile ou en télétravail et pouvaient également en souffrir.
Plus d’une année et demie après qu’en est-il des conditions de reprise de travail ? Y a-t-il des conséquences sur la santé au travail ? Qu’est-ce que les différents acteurs ont mis en place pour accompagner les entreprises et les salariés ?

L’ARACT Bourgogne Franche Comté a effectué des accompagnements dans le cadre d’Objectif Reprise. Ce dispositif du ministère du travail permettait aux TPE et PME de bénéficier de l’aide d’un expert sur les questions d’organisation du travail, de prévention du risque Covid et de relation sociales, nous rappelle Vanessa GRILLET chargée de mission au sein de l’ARACT bourgogne Franche Comté. Ces accompagnements ont principalement porté sur la santé au travail et sur le domaine RPS (Risques Psycho-Sociaux) suite à la Covid et à la reprise des télétravailleurs.
Dans leurs interventions, ils constatent que la Covid a eu des effets sur la santé au travail : au départ, en isolant les salariés et plus particulièrement les plus vulnérables, en qualifiant de non essentiels certaines activités, en générant des surcroits d’activité dans certains secteurs ou des diminutions dans d’autres, en brisant les frontières vie privée / vie professionnelle, en modifiant les conditions de travail notamment avec le télétravail. Tout ceci a eu un impact sur les RPS, sur les TMS (Troubles Musculosquelettiques) et sur l’absentéisme.
L’ARACT constate que les demandes venaient plus des TPE et des petites PME et les accompagnements depuis ce printemps sont principalement axés sur la difficulté pour les entreprises et managers de recréer des collectifs de travail d’après Vanessa GRILLET.

D’après le rapport de consultation de l’ANACT sur « Télétravail de crise en 2021 : quelles évolutions ? Quels impacts ? » nous pouvons constater que l’intensification et l’efficacité accrue ne sont pas sans conséquence sur les relations de travail qui semblent souffrir par cette pratique du télétravail. 78% des managers interrogés ont trouvé plutôt simple d’identifier les activités télétravaillables de leurs collaborateurs, et 68% de maîtriser les process et outils en version numérique. Pour autant, les manageurs disent avoir été confrontés à plusieurs difficultés, dont notamment :
 Le développement des pratiques managériales à distance (40% ont trouvé cette mission « compliquée »),

• L’organisation de la mise à disposition du matériel nécessaire à la pratique du télétravail (36% ont trouvé cela « compliqué »),
• L’accompagnement à la montée en compétence des collaborateurs sur la maîtrise des outils digitaux (jugé « compliqué » par 38% des
manageurs),
• Le soutien psychologique des collaborateurs (jugé compliqué par 49% des manageurs).

Vanessa GRILLET note que les problématiques qui sont en train d’émerger sont liés aux managers et sur le fait que de plus en plus de managers se posent la question du sens de leur travail et de leur responsabilité. »

 
 

Interview de Manon BOULEY RIGOLLIER, Conseillère entreprise à la Direction régionale Bourgogne Franche Comté d’OCAPIAT

OCAPIAT est l’Opérateur de Compétences (OPCO) pour la Coopération agricole, l’Agriculture, la Pêche, l’Industrie Agroalimentaire et les Territoires. https://www.ocapiat.fr/

Qu’est-ce qui a changé depuis la crise COVID 19 ?

Le dispositif FNE-Formation (dispositif dédié à la formation co financé par l’état) a été élargi depuis le tout premier confinement de mars 2021, avec la prise en charge intégrale des frais des formation dans le cadre de l’activité partielle pour les entreprises concernées. Progressivement le dispositif s’est axé sur les formations avec notion de parcours (positionnement amont puis positionnement aval) et aujourd’hui le dispositif n’est ouvert qu’aux entreprises en reprise d’activité toujours avec logique de parcours certifiants et formations nécessaires dans le cadre de la reprise d’activité. Le dispositif a été très sollicité en BFC sur 2020 et beaucoup moins cette année du fait des restrictions actuelles.

Que relevez vous dans vos contacts terrains avec vos bénéficiaires ?

La période a créé des situations, des expériences personnelles qui ont modifié le rapport au travail, à l’entreprise ; par exemples, les entreprises évoquent des difficultés de retour en présentiel sur site à 100%. En découle beaucoup de changements d’organisations dans les entreprises qui réadaptent de fait les semaines de travail avec intégration de journées de télétravail, pour les fonctions télé travaillables. J’entrevois des projets de formations en lien avec le télétravail dans les prochains mois, quoi toucheront notamment les questions des bonnes pratiques et du management spécifique « à distance ».