La nouvelle génération : Comment gérer la jeunesse ?

Entretien avec Alain PIACCO

Chef d’entreprise dans la mécanique

Si employer des jeunes aujourd’hui apparaît parfois comme un parcours difficile et chronophage, tendu aussi, poussant à penser que les jeunes d’aujourd’hui ne seraient plus ceux d’hier, notre invité, artisan chevronné du secteur Automobile qui a eu une merveilleuse deuxième carrière dans l’accompagnement des jeunes, pense au contraire que ce ne sont pas les jeunes qui ont changé : c’est le système qui a changé, et les jeunes ont dû s’adapter. Là semble être la grosse difficulté. Et les entrepreneurs sont tout aussi confrontés à ces évolutions de la société. Pour avancer ? Prendre conscience déjà, questionner, mesurer, cadrer ce qui doit l’être sans jugement, et s’adapter vite pour saisir toute opportunité.

Les jeunes d’aujourd’hui sont une source d’espoir pour le monde de l’entreprise. Alain PIACCO, artisan dans le secteur Automobile, mécanicien de profession et de cœur, parrain bénévole engagé auprès de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat, est venu témoigner de son expérience de terrain. M. PIACCO a entendu comme partout à l’endroit des jeunes d’aujourd’hui, dans les entreprises, que « ce n’est pas facile », « sont-ils motivés ? prêts à s’adapter à l’entreprise et à ses règles ? » … La jeunesse aurait-elle changé ? Il nous répond que non : « je ne pense pas que ce soit les jeunes qui aient changé, c’est le système qui a changé et les jeunes ont dû s’adapter », et les employeurs aussi rajout-il ensuite. 

Par exemple, un jeune aujourd’hui peut voir chez lui aucun de ses parents qui ne travaille, il se construit avec cette représentation, avec ces décrochages familiaux, ou le respect n’est pas au cœur des soucis premiers. La relation à la contrainte est très impactée, aux efforts pour avancer : « on donne aux jeunes plein de choses, sans même avoir besoin de demander ». La relation au temps aussi a changé, à la fois : tout est compté, et la petite entreprise se retrouve impactée par un jeune qui a bien appris la leçon ! Et à la fois, il n’y a plus de temps, tout est possible partout tout le temps, bientôt la 5 G ?! La dispersion devient la règle … 

Cela peut être aussi la façon d’évoluer dans l’entreprise et le fait que l’on puisse changer de métier facilement : ce n’était pas quelque chose de courant, avant on commençait un métier et sauf problème dans le parcours on allait jusqu’au bout. Maintenant, les jeunes sont formés pendant deux ans ou plus, mais c’est très courant qu’ils aillent ensuite vers un métier complètement différent. Ce peut être un grand désarroi pour l’entrepreneur qui aura investi en relation, temps, formation technique, il y croyait fort et avait vraiment besoin de recruter à la sortie. Autre point, aujourd’hui, on peut évoluer beaucoup plus facilement dans l’entreprise qu’avant : quelqu’un qui a envie de se former, d’évoluer a beaucoup de possibilités (accompagnement, supports, financements formation, …), cela le rend très autonome dans son souhait de changements, les moyens qu’il se donne … Face à un jeune qui a l’envie, la motivation, le patron doit proposer quelque chose sinon, … Le jeune d’aujourd’hui accède très facilement à beaucoup de choses. 

A propos des clés pour réussir, M. PIACCO parle d’investissement : prendre du temps, donner de la confiance, questionner pour comprendre. Faire confiance d’abord et en premier, comme le 1er chef d’entreprise chez qui il a travaillé et lui a fait confiance. Et être patient aussi : tout le monde est client maintenant, très facilement, avec les exigences du tout de suite. Ce n’est pas toujours simple : les nouvelles technologies, le manque de communication, les erreurs de parcours, les mauvais modèles pour avancer et s’en sortir, autant de freins qui peuvent disparaître pour laisser place à la motivation, l’envie, l’apprentissage des règles et des codes du monde de l’entreprise. La société change, évolue et les jeunes aussi, et les chefs d’entreprise également. Tout le monde doit suivre une évolution, chacun en ayant une part de responsabilité. De plus en plus de jeunes mineurs étrangers se font connaître pour apprendre un métier, il faut les aider à comprendre le fonctionnement des entreprises, et dans tous les cas, prendre soin de donner les informations, les consignes, petit à petit et non tout d’un coup à grande vitesse comme tout le monde l’exige maintenant. Le travail quotidien d’un chef d’entreprise est aussi de faire relier le désir d’apprentissage et d’évolution d’un jeune avec les attentes de l’entreprise. Le respect mutuel reste au cœur de cette société qui évolue rapidement, parfois trop rapidement. Il faut communiquer, sans cesse et favoriser les échanges pour avancer.

Alain PIACCO : « Le téléphone portable, quand il n’est pas obligatoire pour des raisons de sécurité, doit pouvoir être proscrit pour ces jeunes, mais en même temps il faut ré apprendre à ceux qui sont un peu moins jeune que c’est pour tout le monde pareil : le portable au vestiaire, et s’il y a urgence il faut appeler l’entreprise et le salarié accèdera à la communication bien entendu. »

Investir oui, mais cela rapporte quoi ?

« Un jeune et même une jeune femme au milieu d’une équipe de fait cela apporte une attention, du respect, un certain équilibre dans les paroles et les actes dont tout le monde bénéficie ! Ils arrivent avec une agilité face au numérique et l’informatique qui peut booster le personnel. »